Cette méthode éducative japonaise révolutionne l’approche parentale en prônant la décélération face au rythme effréné imposé aux enfants. Contrairement aux parents hélicoptères qui surinvestissent leurs bambins d’activités, cette philosophie privilégie l’instant présent et l’épanouissement naturel. Découvrez comment transformer votre relation parent-enfant grâce à ces principes simples mais puissants.
Courses, activités, devoirs, bain, coucher… Et si on appuyait enfin sur pause ? Ce mouvement révolutionnaire né aux États-Unis répond à un cri d’alarme lancé par les spécialistes : nos familles courent trop vite et en payent le prix fort.
Le slow parenting émerge comme une bouffée d’oxygène dans ce tourbillon quotidien. « L’objectif est de ramener du temps et du plaisir au centre de la relation parent-enfant », explique Malvina Girard, thérapeute et sophrologue, auteure du livre “Le Slow Parenting”. Une approche qui fait écho aux constats alarmants sur les limites du “trop vite” et du “trop bien faire”.
Car derrière cette course à la performance se cachent les hyper parents, aussi appelés “parents hélicoptères”. Leur mission ? Transformer leurs bambins en petits génies polyvalents maîtrisant langues étrangères, instruments de musique, sports et arts plastiques. Résultat ? « L’enfant s’exécute mécaniquement sans intégrer ce qu’il est en train de faire », alerte la spécialiste.
Plus inquiétant encore : le stress frappe désormais dès 6 ans. Anxiété, crises de panique, boule au ventre, bégaiement ou rythme cardiaque accéléré… Ces signaux d’alarme nous rappellent qu’un enfant n’a pas, par nature, un rythme effréné.
La solution ? Accepter de ralentir, quitte à parfois sécher un cours pour retrouver l’essentiel : le plaisir d’être ensemble.
Cette idée de “sécher” un cours peut sembler révolutionnaire, pourtant elle s’avère libératrice. « C’est d’ailleurs très excitant de mettre un peu d’imprévu et cela va lui apprendre à s’adapter plus tard quand tout ne se passera pas forcément comme prévu », rassure Malvina Girard.
Concrètement, comment procéder ? La première étape consiste à réduire les activités extra-scolaires. Fini l’emploi du temps de ministre où piano, foot, anglais et cours de dessin s’enchaînent sans répit. L’objectif : prioriser nos impératifs pour dégager du temps précieux ensemble.
Car beaucoup de parents inscrivent aujourd’hui « leur progéniture à une multitude d’activités extra-scolaires », observe la thérapeute. Cette hyperactivité programmée transforme nos enfants en automates qui exécutent sans comprendre, sans ressentir.
La solution slow ? Accepter l’imprévu comme un cadeau. Remplacer occasionnellement le karaté par une après-midi pâtisserie ou une promenade sans but. Ces moments non planifiés deviennent des respirations essentielles dans le quotidien familial.
L’idée n’est pas de tout supprimer mais de choisir avec discernement. Garder les activités qui procurent vraiment de la joie à l’enfant, éliminer celles dictées par nos propres peurs ou ambitions. Cette approche permet à notre petit de retrouver son rythme naturel et d’apprendre la flexibilité, qualité indispensable pour naviguer sereinement dans la vie d’adulte.
Ces respirations essentielles prennent forme dans nos gestes du quotidien. La bonne nouvelle ? On adapte le slow parenting en fonction de nos goûts respectifs et de notre disponibilité, sans pression ni culpabilité.
Le dîner devient un moment privilégié : smartphones et télé éteints, on échange vraiment en famille. Les jeux de société retrouvent leurs lettres de noblesse, tout comme les jeux de rôle où chacun mime un personnage. Ces instants simples créent des souvenirs durables.
Mais le slow parenting se cache aussi dans les tâches ménagères transformées en complicité. Faire un gâteau ensemble, jardiner ou même plier le linge deviennent des moments de partage. Pour le linge, on peut demander à notre enfant s’il reconnaît ses affaires, puis les lui faire ranger dans ses tiroirs. Une façon ludique de l’impliquer, d’autant que les petits adorent nous imiter.
L’histoire du soir illustre parfaitement cette philosophie. Quel plaisir de nous voir assis à côté d’eux, pouvoir réellement les écouter et répondre autre chose que les sempiternels « attends » et « plus tard ».
L’essentiel selon Malvina Girard ? Ne jamais faire les choses par contrainte. Il s’agit de choisir ce qui nous plaît et s’y adonner de bon cœur. Car lorsqu’on demande à un enfant ses meilleurs souvenirs, il évoque rarement ses cadeaux de Noël mais ces moments de partage authentiques.
Ces moments de partage authentiques portent leurs fruits bien au-delà de l’enfance. Le slow parenting construit en réalité les fondations d’une personnalité équilibrée et autonome.
Première leçon précieuse : laisser notre enfant s’ennuyer. Quand il vient se plaindre qu’il s’ennuie, invitons-le à trouver lui-même comment s’occuper. On peut lui dresser une liste d’activités qui lui ont plu et lui proposer d’aller piocher dedans, ou d’en dégoter une nouvelle. Si on comble sans cesse son ennui, il prendra l’habitude de se reposer sur nous sans aller puiser dans ses propres ressources.
Cette approche développe sa créativité et forge son autonomie. À l’inverse, ces enfants qu’on appelle les « singes savants », auxquels on a constamment dit quoi faire, manquent totalement d’autonomie à l’âge adulte.
Le slow parenting tisse également des liens parent-enfant solides pour l’avenir. Être ensemble, partager des moments, mieux se connaître permet d’instaurer un rapport authentique et profond. Un exemple relationnel que l’enfant reproduira avec son entourage en prônant le bien-vivre ensemble.
« Un bon parent n’est pas celui qui fait tout, mais celui qui laisse l’enfant avancer à son rythme en fonction de son âge et de ses capacités », rappelle Malvina Girard. Les enfants sont capables d’accomplir de grandes choses si on leur en laisse l’opportunité.